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Le jour où j'ai failli abandonner mon chiot : vaincre le "Puppy Blues" !

Vous l'avez sûrement pensé, au fond de vous, après l'arrivée de votre chiot ou de votre chien :

  • "Est-ce que je vais réussir à l'aimer ?"

  • "C'est une erreur, il faut le rendre."

  • "J'ai envie de le passer par la fenêtre."


Ces pensées, souvent vécues dans la solitude et la culpabilité, sont normales. Elles font partie d'un phénomène encore tabou : le Puppy Blues.


Nous allons décortiquer ensemble ce sujet délicat pour comprendre comment il s'installe, pour quelles raisons, et surtout, comment en sortir.



Qu'est-ce que le Puppy Blues ?

Une jeune femme fatiguée tient dans ses bras un chiot qui dort
Le silence du Puppy Blues

Le terme "Puppy Blues" est une expression calquée sur le "Baby Blues". Ce phénomène, désormais étayé par la science, est très répandu. Une étude, de 2024, a révélé que près de la moitié des nouveaux gardiens déclarent vivre des expériences négatives significatives durant les premières semaines d'adoption d'un chiot. Ce taux est comparable à la prévalence de la dépression postnatale chez les femmes.


Il se manifeste par une vague de fatigue, d'anxiété, de découragement et de désespoir survenant après l'adoption, que ce soit quelques jours ou quelques semaines plus tard.


L'étude identifie trois composantes principales qui décrivent ce mal-être :

  1. Frustration : Liée aux défis imprévus et au stress.

  2. Anxiété : Déclenchée par l'inquiétude concernant le bien-être de l'animal.

  3. Épuisement : Résultant de la fatigue physique et mentale.


Au-delà de ces facteurs, le Puppy Blues est surtout lié à la peur de :

  • Mal faire ou de ne pas être un(e) bon(ne) gardien(ne).

  • Ne pas être à la hauteur des attentes.

  • Être jugé(e) par l'entourage.


Il n'y a pas de règles : le Puppy Blues peut toucher n'importe qui, que vous adoptiez un jeune chiot ou un chien adulte, et que ce soit votre premier ou votre quatrième compagnon.


Notez bien que ce phénomène existe aussi pour les chats : on parle alors de Kitty Blues !



Les causes du "blues"

Le Puppy Blues est multifactoriel et dépend de la personnalité, de l'expérience et de l'environnement de la personne qui adopte.


Néanmoins, il existe des contextes qui favorisent l'apparition de cette crise.


L'idéalisation du chien !

Notre société a une tendance forte à l'idéalisation du chien, érigé en meilleur ami de l'homme, garant d'une loyauté indéfectible et d'une proximité émotionnelle constante. Mais, et il faut insister sur ce "MAIS", cette image ne correspond pas toujours à la réalité du quotidien.


Nous avons été bercés par des figures de chiens parfaits, Rintintin, Lassie, Idéfix, Bill, et tant d'autres, qui incarnent l'intelligence, l'obéissance sans faille, et le rôle de compagnon de jeu idéal, voire de protecteur des enfants (comme dans Peter Pan).


Un téléphone est ouvert sur un profil instagram d'un chien Husky
Quand l'écran ne reflète pas la vie

Aujourd'hui, les réseaux sociaux ont pris le relais de cette mythologie. Ils nous inondent de contenus utopiques où l'on ne voit que des chiens exemplaires dont les référents semblent n'avoir jamais rencontré le moindre accroc. Il est important de se souvenir que ces plateformes ne présentent qu'une facette soigneusement sélectionnée de la vie d'une personne. Le contenu partagé est une vitrine qui ne reflète pas nécessairement l'intégralité de leur expérience. Ces mêmes propriétaires peuvent tout à fait avoir traversé, ou traverser encore, des difficultés et des problèmes de comportement avec leur compagnon.


En conséquence, la plupart des nouveaux propriétaires d'animaux sont soudainement ramenés à la réalité. Ils font face à un choc entre ce qu'ils imaginaient et ce qui se passe vraiment. Ils doivent gérer les mordillements constants du chiot, ses angoisses, ou les conséquences difficiles du passé d'un chien adulte. Face à ces défis, les sentiments de culpabilité, d'être dépassé(e) et l'impression de ne pas s'en sortir sont alors intensifiés.


Quand l'excès d'informations se retourne contre vous !

Le Puppy Blues peut aussi surprendre ceux qui se sont pourtant énormément préparés. Ce sont les adoptants qui :

  • Regardent les vidéos de (bons) professionnels.

  • Lisent de nombreux livres sur l'éducation.

  • Se renseignent précisément sur la race.

  • Suivent attentivement les discussions en ligne.


Cette préparation est excellente ! Ces personnes en savent souvent plus que la moyenne des propriétaires. Elles connaissent les besoins spécifiques de la race, les problèmes de comportement potentiels et aspirent à être le meilleur humain possible pour leur compagnon.


Une personne est face à son téléphone et semble dépassée par tout ce qu'elle lit sur l'éducation canine
Quand l'Information devient submersion

On pourrait croire que dans ce cas, le risque est écarté. Pourtant, non. Le Puppy Blues frappe quand la théorie ne fonctionne pas avec ce chien-là.


La peur du jugement d'autrui devient alors très lourde : la crainte de ne pas utiliser la "bonne" méthode, de crier, ou de punir fait naître l'idée terrifiante que "Les gens vont penser que je maltraite mon chien !". Ce poids, couplé à la culpabilité de ne pas réussir, est extrêmement épuisant. La conclusion que "si mon chien a un problème, c'est forcément de ma faute" s'impose.


Rappelez-vous que vous n'êtes pas une machine. Il est tout à fait légitime de ressentir de la frustration ou de la colère quand on est confronté à une difficulté que l'on ne comprend pas. L'important est d'accueillir ces émotions au lieu de les refouler, car l'accumulation de ces sentiments peut devenir néfaste, comme une bombe à retardement.


Souvent, on en arrive à en vouloir à son animal, non pas par méchanceté, mais parce qu'on se déteste de ressentir ces émotions négatives.


Le poids du deuil et des attentes

Un autre facteur déclencheur du Puppy Blues est le deuil d'un animal précédent. Dire adieu à un compagnon de vie est un moment particulièrement douloureux. Nous perdons un membre de la famille qui nous a accompagnés fidèlement durant des années, partageant nos joies, nos peines et nous offrant chaleur et tendresse.


Dès lors, la question se pose : Quel est le bon moment pour accueillir un nouvel animal au sein du foyer ? Il n'y a pas de réponse universelle. Chacun gère son deuil à son propre rythme : certains ressentent le besoin d'adopter rapidement, d'autres prennent plus de temps. L'important est d'apprendre à vivre avec cette absence. Ouvrir un nouveau chapitre ne signifie jamais effacer les précédents.


Cependant, quand un nouvel être intègre le foyer, un piège apparaît : celui des attentes. Il est dans la nature humaine de faire des comparaisons. Le chien nouvellement arrivé peut alors sembler "trop" ou "pas assez" comme celui que nous avons perdu. Parfois, nous cherchons inconsciemment l'ancien compagnon dans ce nouveau chien.


Toutes ces attentes créent une lourde pression sur les épaules du nouvel arrivant. Cette situation empêche l'adoptant d'apprécier l'animal pour ses qualités propres, car il est constamment comparé à son prédécesseur : "il ne se comporte pas comme" celui que nous avons perdu.


La crise de l'animal parfait

Oui, le Puppy Blues ne touche pas seulement ceux qui rencontrent des problèmes avec leur animal. Même si votre chiot ou votre chien est "facile", ou du moins ne pose pas de souci majeur, vous pouvez vous sentir complètement submergé(e).


Une femme est en surcharge mentale, son chien dort à côté d'elle
Le poids invisible de l'adoption

L'explication est simple : l'arrivée d'un animal est un changement de vie monumental. Notre quotidien est bouleversé, nos habitudes chamboulées. La surveillance constante des débuts, l'éducation, et les soins représentent une charge mentale supplémentaire et non négligeable.

Cette surcharge peut générer :

  • Du stress et de l'angoisse.

  • La peur de ne pas en faire assez.

  • Le sentiment qu'il mériterait un meilleur foyer.

C'est là que le sentiment d'être indigne de ce petit être peut surgir brusquement.


C'est exactement ce qui m'est arrivé. Ryota était un chiot adorable : propre rapidement malgré quelques accidents, facile à rediriger quand il mordillait, pas de problème de solitude, aimant les gens et les balades... Bref, un chiot que l'on pourrait qualifier de "parfait". Pourtant, alors que notre adoption était mûrement réfléchie, je me suis retrouvée prise dans le Puppy Blues, sans même le savoir, ni oser en parler.


J'ai pensé qu'il valait mieux le rendre, convaincue que je ne l'aimerais pas comme il le fallait et que je n'étais pas prête, tout simplement. Je me détestais d'avoir ces pensées et me jugeais comme une mauvaise gardienne.


Mais le temps a fait son œuvre. Je me suis accrochée et aujourd'hui, Ryota a plus de cinq ans. Nous avons même adopté Seika, une chienne de refuge, il y a deux ans. Cette fois, le Puppy Blues a été absent ! Et ce, malgré les incertitudes que j'avais concernant son passé et ses peurs.


Vous vous dites maintenant que tout ceci est intéressant, mais que vous attendez toujours des solutions pratiques. C'est ce que nous allons aborder dans la prochaine section !



Comment s'en sortir : les solutions au Puppy Blues

Une fois que vous avez identifié et reconnu la source de ce Puppy Blues, il devient possible d'agir concrètement.


Briser le silence !

Une jeune femme parle de ses soucis avec une dame plus âgée
Une écoute bienveillante : le premier pas vers la guérison

Parler de ce que vous ressentez peut sembler évident, mais c'est souvent la chose la plus difficile à faire ! La peur d'être jugé comme un(e) mauvais(e) gardien(ne), les critiques de l'entourage qui, même avec de bonnes intentions, peuvent culpabiliser, ou la crainte du jugement d'un professionnel poussent à s'isoler dans ce mal-être.


Pourtant, il est crucial de comprendre que vous n'y êtes pour rien ! Ces sentiments et ces pensées sont tout à fait légitimes.


Vous devez en parler à une personne bienveillante, car vous êtes souvent votre juge le plus sévère. Vous vous en voulez de ne pas savoir comment vous y prendre, mais je vous rassure, ce n'est pas dramatique !


Personnellement, avant l'achat de notre maison, je ne savais ni monter un mur, ni poser un parquet, ni même couper une planche en bois. C'est un métier ! Mais j'ai appris pas à pas. J'ai fait de nombreuses erreurs, et pourtant, la maison est toujours debout, et je suis fière de ce que nous avons réalisé.


C'est pareil pour votre chien : l'éducation et la compréhension d'un animal sont des domaines qui demandent des connaissances (qui évoluent d'ailleurs très vite). Vous avez le droit de ne pas savoir et de faire des erreurs ! Cela ne fait pas de vous une mauvaise personne pour votre compagnon.


Cherchez donc l'aide d'un proche, d'un ami ou d'un professionnel vraiment bienveillant. Si, à un moment donné de la discussion, vous vous sentez coupable, c'est que la personne en face n'est pas à votre écoute et n'est pas la bonne pour vous aider.


Prendre de la distance et souffler

Il est vital de vous accorder une pause et de prendre temporairement de la distance avec votre animal.


Confiez-le à votre conjoint(e), à un(e) ami(e) ou à un membre de votre famille pour vous permettre de vous reposer vraiment. Profitez de ce temps pour décompresser totalement.


Utilisez ce répit pour établir un plan d'action structuré. Ce planning doit inclure :

  • Du temps pour vous : Réservez des moments où vous êtes seul(e) et vous faire plaisir (cinéma, randonnée, prendre un bain, lire un livre,..).

  • La répartition des tâches : Définissez clairement qui s'occupe des sorties, des repas, des moments de jeu et d'enrichissement, et à quel moment.


Cette organisation vous aidera à retrouver de l'énergie et à re-positiver les moments que vous passerez ensuite avec votre compagnon à quatre pattes.


Retrouver le plaisir d'être ensemble

Lorsque vous vous sentirez à nouveau prêt(e), vous pourrez reprendre progressivement les activités partagées avec votre animal. Concentrez-vous sur des choses que vous

Une femme est face à son chien et le chien lui donne la patte
Focus sur les activités positives

aimez faire tous les deux :

  • Faire des promenades dans un environnement apaisant.

  • Travailler sur de petits exercices ludiques pour apprendre de nouveaux tricks (comme "roule", "donne la patte" ou "tourne").

  • Démarrer ensemble une nouvelle activité sportive ou de loisir (cani-cross, agility, mantrailing,...), selon les capacités de votre animal.


Le but est de recréer du lien positif. Mais attention : n'oubliez jamais de continuer à ménager du temps pour vous-même afin d'éviter de retomber dans la surcharge et la saturation !



Conclusion

Le Puppy Blues est une épreuve réelle, souvent vécue dans la honte et le silence, qui met en lumière l'écart douloureux entre le rêve de l'adoption et la réalité du quotidien. Si vous vous êtes reconnu dans ces lignes, retenez une chose essentielle : vous n'êtes pas seul(e), et vous n'êtes pas un(e) mauvais(e) gardien(ne).


Il est normal d'être submergé(e) face au bouleversement qu'implique l'arrivée d'un être vivant. Le fait même de vous questionner et de chercher des solutions prouve votre engagement envers votre compagnon.


Les clés pour avancer :

  • Parlez-en : Brisez le silence et trouvez une oreille bienveillante.

  • Reposez-vous : Accordez-vous des pauses et déléguez la charge mentale.

  • Pardonnez-vous : L'éducation demande du temps et l'erreur fait partie de l'apprentissage.


Le Puppy Blues n'est qu'une phase temporaire. En vous donnant le droit de faire des erreurs et en apprenant à connaître votre chien sans chercher la perfection, vous construirez, jour après jour, une relation solide et épanouissante.


Accrochez-vous ! Le lien que vous êtes en train de forger est précieux, et le meilleur reste à venir.



Je vous remercie sincèrement de m'avoir accompagné(e) jusqu'au terme de cet article, dont le sujet me tenait particulièrement à cœur. J'espère qu'il vous a apporté un peu de réconfort, de clarté, et la preuve que vous n'êtes pas seul(e) dans cette expérience.


Pour ceux qui souhaitent approfondir l'aspect scientifique du Puppy Blues, vous trouverez ci-dessous la référence de l'étude sur laquelle je me suis appuyée :

  • Lohi, H., Korpela, H., Hakanen, A., Kumpulainen, H., Ståhl, J., & Hänninen, L. (2024). Development and validation of the puppy blues scale measuring temporary affective disturbance resembling baby blues. npj Mental Health Research, 3(1), 1–10.

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