En quoi l'hypertype est-il un problème pour nos animaux ?
- Jeanne Petite
- 27 avr.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 28 avr.
L'hypertype, en élevage, se traduit par une exagération extrême des caractéristiques propres à une race. Bien que ce phénomène soit largement connu chez les chiens, il affecte également d'autres animaux domestiques tels que les chats, les chevaux et les porcs. En réalité, tous les animaux domestiques peuvent être concernés.
Nous pourrions le résumer avec cette courbe :

Afin d'illustrer l'hypertype de manière concrète, nous allons nous concentrer sur les différentes races de chiens.
Comment est définie une race de chien ?
Les races de chiens sont regroupées en dix catégories distinctes, établies en fonction de leur fonction originelle :
1. Les chiens de berger et de bouvier
2. Les chiens de type pinscher et schnauzer, molossoïdes et chiens de bouvier suisse
3. Les terriers
4. Les teckels
5. Les chiens de type spitz et de type primitif
6. Les chiens courants
7. Les chiens d'arrêt
8. Les chiens leveurs de gibier, chiens rapporteurs et chiens d'eau
9. Les chiens d'agrément et de compagnie
10. Les lévriers
L'éleveur sélectionne les individus en privilégiant certaines lignées, dans le but de perpétuer des caractéristiques spécifiques, qu'elles soient comportementales ou esthétiques.
Le Livre des Origines Français (LOF) joue un rôle crucial en tant que registre officiel des races françaises. Seuls les chiens inscrits au LOF sont considérés comme des chiens de race. Lors de l'adoption d'un tel chien, un document attestant de sa lignée et de l'exactitude de ses origines est remis par la Société Centrale Canine (SCC).
Cependant, l'inscription au LOF ne suffit pas pour les chiens. Une confirmation par un juge est nécessaire pour obtenir un certificat attestant que le chien correspond au standard de sa race. Cette procédure diffère de celle des chats, pour lesquels la confirmation n'est pas requise si les deux parents sont inscrits au LOOF (Livre Officiel des Origines Félines).
Les juges s'appuient sur les standards de race établis par la Fédération Cynologique Internationale (FCI). Ces standards décrivent en détail l'apparence, le tempérament et l'histoire de chaque race. Ils incluent également les vices rédhibitoires, tels que les dents manquantes, les défauts de couleur de la truffe ou du pelage. Il est important de noter que les standards de race ne sont pas figés et peuvent évoluer au fil du temps.
Comment apparaît l'hypertype chez un chien ?
L'hypertype se développe sur plusieurs générations, résultant d'une sélection rigoureuse. Lorsqu'un animal présente une caractéristique jugée "désirable" comme un museau plus court, une abondance de plis cutanés ou des yeux proéminents, l'éleveur le sélectionne pour la reproduction. Parmi la progéniture, il choisit les individus qui expriment le mieux cette caractéristique et les croise à nouveau avec des animaux déjà hypertypés. Ce processus de sélection répétée, génération après génération, intensifie progressivement les traits recherchés, conduisant à l'exagération des caractéristiques raciales.
Afin que vous ayez une compréhension encore plus claire de ce qu'est un hypertype, je vais vous présenter des exemples que vous reconnaîtrez probablement.

Un exemple frappant d'hypertype est celui des chiens brachycéphales, caractérisés par leur face courte. Le Bouledogue Français, le Bouledogue Anglais, le Carlin et le Pékinois en sont des illustrations bien connues. Du côté des chats, le Persan, avec son museau aplati, subit une forme d'hypertype similaire.

Le Berger Allemand, dans sa lignée dite "de beauté", est un autre exemple courant de la sélection excessive de l'humain sur une caractéristique physique. Au fil du temps, l'Homme a privilégié des hanches de plus en plus basses, ce qui a modelé son dos plongeant.
Il est cependant essentiel de noter que la lignée "de travail" du Berger Allemand présente une morphologie bien différente et semble, pour l'instant, préservée de cette déformation dorsale.

Un exemple moins connu d'hypertype concerne l'exagération de la longueur du poils, comme on peut l'observer chez le Setter Anglais.
L'humain procède aussi à une sélection pour des tailles extrêmes, que ce soit la miniaturisation, comme chez le Mame Shiba, le Berger Américain Miniature et le Pomsky; ou le gigantisme, pratiqué sur des races comme le Dogue Allemand, le Terre-Neuve et le Saint-Bernard.
Est-ce dangereux pour l'animal ?
Si tous les animaux hypertypés ne souffrent pas constamment de douleurs ou de problèmes de santé chroniques, il est indéniable que certains vivent avec des troubles plus ou moins importants qui affectent leur bien-être quotidien.
Les chiens brachycéphales sont fréquemment sujets à divers problèmes de santé en raison de leur morphologie particulière.
On observe notamment des difficultés respiratoires qui impactent leur tolérance à la chaleur et à l'exercice, pouvant même aller jusqu'à provoquer des apnées du sommeil.
De plus, ils présentent une susceptibilité accrue aux affections oculaires telles que les ulcères et les irritations.
L'hygiène quotidienne des plis faciaux, du nez et des yeux est indispensable pour prévenir les infections locales.
Enfin, leur mâchoire souvent trop étroite peut entraîner des troubles de la mastication et des problèmes dentaires.
L'hypertype peut aussi avoir des répercussions importantes sur le squelette et les articulations des chiens.
Chez le Berger Allemand, cela se manifeste fréquemment par la dysplasie des hanches et des difficultés de locomotion au niveau de l'arrière-train.
Les Teckels, avec leurs courtes pattes et leur dos allongé, sont particulièrement prédisposés aux problèmes dorsaux. Cela peut même altérer leur communication avec d'autres chiens, notamment pendant le jeu.
Quant aux races géantes, leur croissance rapide les rend plus vulnérables à la dysplasie des hanches et du coude, ainsi qu'à divers troubles articulaires.
Une autre conséquence d'une sélection extrême de certains traits, notamment chez les chiennes avec un bassin étroit, est la difficulté, voire l'incapacité, à mettre bas naturellement. Dans ce cas, la césarienne s'avère souvent indispensable pour préserver la mère et sa progéniture des dangers.
L'hypertype peut également être à l'origine de problèmes dermatologiques.
Chez le Shar Peï, par exemple, l'excès de plis cutanés peut favoriser l'apparition de dermatites et d'infections si un entretien régulier n'est pas assuré.
Un phénomène similaire s'observe chez les chiens aux poils très longs : un manque de soins entraîne la formation de nœuds qui peuvent étouffer la peau. Dans les cas de négligence sévère, le pelage abondant peut gêner les fonctions corporelles de l'animal, obstruer sa vision et provoquer des infections cutanées.
L'hypertype peut aussi impacter le comportement des chiens et leurs interactions sociales.
Par exemple, des individus avec une queue raccourcie ou avec une diminution du nombre des muscles faciaux peuvent involontairement provoquer des réactions agressives chez leurs congénères; ceux-ci ayant des difficultés à interpréter correctement leurs signaux et leurs intentions.
Conclusion
La popularité des animaux hypertypés, souvent alimentée par des tendances, a conduit à leur présence fréquente.
Même si l'hypertype n'entraîne pas inévitablement la souffrance chez tous les animaux, ceux qui développent des problèmes de santé en lien avec ces caractéristiques physiques exagérées peuvent voir leur confort de vie considérablement réduit.
Il est donc crucial de se renseigner sur la race et ses dérives avant d'adopter un tel animal, car les coûts associés (alimentation spécifique, interventions chirurgicales, traitements médicamenteux, toilettage particulier...) peuvent rapidement devenir importants.
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